La fin du siècle dernier, achevant le second millénaire, aura surtout été marquée au point de vue artistique par le surréalisme et ses images oniriques évoquant de nouvelles dimensions, dans le rêve éveillé ou le cauchemar, à la limite des frontières temporelles et du néant.
Parallèlement, les nouveaux modes de communications comme lordinateur, internet, nous offrent en bloc un maximum de possibilités de connaissance, sans les approches préalables et constructives de la lecture et de la recherche personnelle.
Ainsi, nous risquons de nous trouver en face dune culture résolument tournée vers lavenir au mépris de la maîtrise des valeurs fondamentales, des bases du passé.
Lartiste a un devoir de souvenir et davant garde : le devoir de préserver le patrimoine acquis et de le faire connaître, mais aussi dêtre du nombre des guides de lhumanité en préparant avec elle, dans le présent, un futur meilleur.
Dans le cadre du NEO REALISME né peu après la guerre en 1945 (là où il fallait reconstruire moderne en évitant les erreurs du passé). Jai pensé à une poésie comparative qui évoquerait à la fois, grâce à un DYPTIQUE (éventuellement un tryptique) la beauté du passé et la laideur du présent (ou linverse). Le présent réaliste et son futur meilleur : le patrimoine à renouveler (exemple : les formes dartisanat absentes dans le présent) , etc
Ainsi cette poésie NEO REALISTE (de transition sans doute) permettra-t-elle de repartir sur de nouvelles et solides bases en évitant le déphasage (par lignorance) de la jeunesse par rapport à la poésie. Elle pourra y retrouver ses racines et des repères dans la comparaison pour mieux préparer son avenir.
Concrètement (il pourrait être de même en peinture, photographie...), il s’agit de produire un DYPTIQUE ou un TRYPTIQUE permettant la comparaison.
Pour la peinture et la photographie un même sujet dans des situations différentes, (saisons, époques, événements...)
Pour la poésie deux poèmes identiques, se ressemblant le plus possible du moins grâce à :
- leurs formes classiques (pouvant être fixes),
- le même nombre de vers avec les mêmes rimes,
- lassonance à la césure quand elle existe,
- un maximum de mots communs, de mots à double sens ou même des phrases entières
En quelque sorte des faux jumeaux qui se ressemblent comme deux gouttes d'eau mais sont totalement différent par le sens.
Ainsi la comparaison et lanalyse peuvent être immédiates ; lenseignement, la mise en garde, le conseil éventuel aussi.
Il y a, bien sûr, dans ce procédé un nombre incalculable de possibilités que lartiste créateur trouvera en laissant libre cours à son imagination. .Lhumour, lamour, tous les sentiments ne seront pas exclus de ces messages qui seront brefs pour faciliter la lecture et la compréhension.
Mais les exemples valant mieux que les longs discours :
Place au NEO REALISME COMPARATIF !
NB : Dans chaque dyptique les poèmes peuvent se lire lun après lautre, ou mieux, à deux personnes en déclamant tour à tour les premiers vers, les deuxièmes vers, etc
AUTREFOIS AUJOURDHUI
L'EGLISE | LA COMMUNION SOLENNELLE | LA MORT | L'ENTERREMENT |
LES JARDINS PUBLICS | SI J'OINS CI-JOINT | UN CLAIR OBSCUR |
LEGLISE | L EGLISE |
Entre les murs glacés du grand chur de léglise | Entre les murs chauffés du grand chur de léglise |
Des hommes chapeaux bas, des femmes en foulards | Des hommes aux caméras, des femmes sans foulard, |
endurent le sermon, virulent et criard | viennent voir les santons proposés aux regards |
Dun curé courroucé qui les évangélise. | Et toisent le curé sans quil sen formalise. |
LA COMMUNION SOLENNELLE | LA COMMUNION SOLENNELLE |
La fille a revêtu la robe de dentelle, | La fille a revêtu son aube sans dentelle, |
Le garçon un blazer, sur la manche un brassard. | Le garçon dun éclair luniforme standard. |
De la communion cest lheure solennelle | De la communion cest lheure solennelle |
«Les billets vont pleuvoir» dit un pauvre, égrillard. | «Les chèques vont pleuvoir» dit un pauvre, égrillard. |
LA MORT | LA MORT |
Sur le lit nuptial , le père moribond, | Dans son lit dhôpital le père moribond, |
A reçu le curé ; des amis la visite. | A reçu laumônier dune courte visite |
Avec lui sa famille, avant quil ne la quitte, | «Passera-t-il la nuit ?» le médecin hésite |
Sur son chevet sincline en lembrassant au front. | «Donnez-lui la morphine, il va franchir le pont». |
LENTERREMENT | L ENTERREMENT |
Tiré par deux chevaux un triste corbillard | Gonflé de vingt chevaux un riche corbillard |
Traverse la cité dans un flot de détresse. | Traverse la cité gagnant de la vitesse. |
Le long cortège humain se fond dans le brouillard | Par le plus court chemin il surgit du brouillard |
Chaque passant se signe affligé de tristesse. | Sans quun passant se signe ou marque sa tristesse. |
LES JARDINS PUBLICS (1913) | LES JARDINS PUBLICS (2003) |
Dans ces jardins chéris où de riants visages | Dans ces jardins pourris où de tristes visages |
Retrouvaient la nature et ses mille senteurs | Déversent leur nature avec ses puanteurs |
Jaimais me rafraîchir dessous les grands ombrages | Les «clochards» sans mot dire avalent leurs fromages |
Par les sentiers bordés de parterres de fleurs. | Ignorant les drogués : de Lesbos ou dailleurs. |
Souvent prés des jets deaux, des faunes immobiles | Souvent dans les roseaux des formes immobiles |
Se dressaient face au ciel, avides de soleil ; | Se dressent face au ciel, avides de soleil. |
Sur leurs bronzes luisants les colombes graciles | Cherchant ces corps luisants les «colombes» graciles |
Incitaient à lamour tout un monde en éveil. | Incitent à l'amour tout un monde en éveil. |
(la grenouille de bénitier): SI J'OINS | (le routier): CI-JOINT |
Quel amour du prochain ce jour-là vous m'offrîtes | Pour une grande faim prendre un grand plat de frites |
Lorsque d'une voix ferme aux autres vous confîtes : | Joindre un canard de ferme aux viandes bien confites; |
"Le curé me l'a dit, il faut que nous oignions | La botte de radis et les petits oignons, |
Les petits nouveaux nés sans que nous sursissions, | Des vins millésimés, de tendres carpillons; |
Dès qu'un danger les guette et même si vous fûtes... | Puis comme un jour de fête un mousseux dans les flûtes |
Alors simple laîcs ;chaque fois que vous pûtes." | Corsera d'un ton chic ces joyeuses minutes. |
Le menu | LE MENU |
MA DOUCE ET TENDRE AMIE |
|
J'ose à peine en ce jour vous déclarer ma flamme | Je t'écris sans détour pour éviter le drame |
Tant je crains qu'un mot dit puisse vous affoler. | Car j'ai peur qu'un maudit vienne nous contrôler; |
Pourtant mon rêve fou chaque nuit vous réclame, | Pourtant mon corps jaloux chaque nuit te réclame, |
Un baiser, rien qu'un seul...quitte à vous le voler! | Je vais dormir tout seul...Il faut nous isoler ! |
Je vais rendre visite à Monsieur votre père, | J'ai reçu la visite, avant hier, de ton père. |
Le saluer bien bas, et s'il me fait asseoir | Il connaît nos ébats et ne peut concevoir |
Au nom de notre Amour, du bonheur que j'espère, | Qu'il s'agisse d'amour; du moins il s'exaspère |
J'obtiendrai grâce à DIEU le droit de nous revoir. | Et veut que d'un adieu je renonce à te voir. |
Alors face au soleil dans ce bosquet de roses | J'ai suivi ton conseil...comme tu le supposes, |
D'où vous me souriiez, discrétement , parfois | Fais semblant de plier à ses raisons parfois; |
Je prendrai votre main parlant de mille choses | Mais je n'ai pu qu'enfin l'envoyer sur les roses; |
Et tant pis si nos coeurs trahissent leurs émois. | Nous sommes deux "majeurs", sacré pantin de bois ! |
UN CLAIR-OBSCUR. | |
Deux poètes décrivent une personne assise sur un mur. | L'un vient de l'EST, l'autre de L'OUEST. |
-1- | -2- |
FACE AU DOS | FACE A FACE |
Je suivai du regard le vol d'une mouette | J'imitai goguenard le cri de la chouette... |
Quand elle m'apparut naissant d'un clair-obscur: | Alors il m'apparut naissant d'un clair-obscur: |
Face au soleil levant, sa fière silhouette | Face au soleil levant sa forte silhouette |
D'une pose lascive agrémentait un mur. | Par sa forme massive envahissait un mur. |
Sur la mousse et le lierre aplatis en banquette | Sur la mousse et le lierre aplatis en banquette |
Se déployait sa jupe aux grands plis écossais, | Se déployait sa jupe, un grand Kilt écossais, |
Et le long de son dos cascadaient de sa tête | Puis je vis, mais plus haut, la barbe ornant sa tête |
Les reflets flamboyants de ses cheveux épais. | Et le roux flamboyant de ses sourcils épais. |