SONNET | BALLADE | GHAZEL |
MUZAIN | RONDEAU | RONDEL |
CORNE DE BRUME.
Au ballant d'une houle étendue et profonde
Le rapide escorteur s'incline en gémissant.
A l'horizon mobile apparait Ouessant
Sous le feu des éclairs de l'orage qui gronde.
Un rideau gris de brume à l'humeur vagabonde,
Déferle vaporeux. Soudain s'épaississant,
Il s'abat sur les eaux et son masque puissant
Dérobe toute vue aux marins de ce monde.
Des yeux brulés de sel fixent l'opacité
Attentifs aux reliefs de cette immensité
Tandis que retentit le son bas de la corne.
La mort trame ses fils : le "perroquet dehors"
Un superbe trois mats, fantastique licorne,
Surgit à moins d'un mille écumant des sabords.
L'ETRAVE.
Reine des océans, d'un plongeon dans la vague,
Elle poursuit le cap choisi des matelots.
Son imposant profil chasse les cachalots
A l'aide d'un corset pointu comme une dague.
J'ai suivi son chenal de Brest à Copenhague
Quittant les "Tas de Pois"* pour de nouveaux îlots.
De son bouquet d'écume essuyant les sanglots,
J'ai recouvert le pont des algues de sa drague.
Ce laboureur des mers réunit tous les ports,
Permet d'entretenir de chaleureux rapports
En brisant par à-coups la glace des banquises.
Le poète est l'étrave offerte au genre humain.
Son message d'amour, sous des formes exquises,
Trouve au fond de la nuit l'espoir d'un lendemain.
* : les " Tas de Pois" sont des îlots rocheux à la sortie du goulet de Brest.
LE GRAND CARROUSEL.
Comme un beau carrousel offert aux nouveaux nés
La vie à ses débuts, apparait fantastique.
Sous de changeants décors, inondés de musique,
Aux blancs chevaux de bois nous sommes enchaînés.
Le destin de chacun marche au pas des ainés.
Le jour chasse la nuit, le printemps magnifique
Revient après l'hiver d'une façon cyclique.
Ainsi passent des ans de galops effrénés !
Lassé du tourbillon de cette course folle
L'homme veut ralentir...il s'inquiète et s'affole
Car rien n'arrêtera ce manège infernal!
Malgré son désespoir à la bride il s'accroche...
Conteste le verdict du divin tribunal
Quand pour son dernier tour va retentir la cloche !
LE SERMENT DU CHEVALIER
Moi, hobereau sans héritage,
De mes sept ans, j'eus le bonheur
D'accomplir mon apprentissage
En votre cour, noble seigneur.
Eduqué mieux que serviteur,
De la quintaine l'écurie,
Je reçois de votre grandeur
Les lois de la Chevalerie.
Devant l'Eternel, je m'engage
A suivre l'humble voyageur
Qui formera pèlerinage
Au service du Sacré Cœur.
Je comprends l'atroce douleur
De la Sainte Vierge Marie:
J'appliquerai pour sa splendeur
Les lois de la Chevalerie.
Chemin faisant, chaque village
Pourra témoigner mon ardeur
A lutter contre le pillage;
L'affreux brigand, le violeur...
Pour les pauvres dans le malheur
Je n'aurai point bourse tarie.
J'exercerai, fier bienfaiteur
Les lois de la Chevalerie.
ENVOI
"Prince", toujours fort et vainqueur
Au nom de Votre seigneurie,
Je prônerai, suprême honneur,
Les lois de la Chevalerie.
LE DOUX POMPON PORTE-BONHEUR.
Assure-toi bel avenir
Me conseilla chère famille.
Il me fallut en convenir:
Marin d'état le pauvre habille.
Je roulais encore la bille
Lorsque l'adjudant recruteur
Me proposa, façon gentille,
Le doux pompon porte-bonheur.
Alors survint sans prévenir
La blanche guêtre à la cheville.
Le ras le bol dut contenir
Le singe riz, farce lentille.
Quand tout le jour gradé houspille,
Répand la crainte et la terreur;
On le voudrait forme de quille
Le doux pompon porte-bonheur!
Ce dur début ne sut ternir
Le temps passé dans la flotille.
Seul un champagne peut bénir
Le tir précis de la torpille !
Puis vint l'escale de Manille,
Madagascar, Stockholm, Honfleur.
Il vit sombrer plus d'une fille,
Le doux pompon porte-bonheur :
ENVOI
Frère ! A présent le galon brille
Près de mon sabre (ultime honneur),
Mais j'ai pendu sous la charmille
Le doux pompon porte-bonheur !
DEUX OU TROIS VERS!
Autrefois tous les écoliers,
Culotte courte sur gambette,
Sous les trop sombres tabliers
Etaient menés à la baguette.
Pourtant le chant d'une fauvette
Scandé par des coups de piverts
Dégelait l'encre violette
Pour aligner deux ou trois vers.
Voici le temps des bacheliers
Aux diplômes dans la musette.
Nous les dénombrons par milliers
En quête d'un travail honnête.
L'écologie a fait recette?
Alors créons des emplois "verts"
Car la nature est la plus chouette
Pour aligner deux ou trois vers!
Demain tous les particuliers
Se serviront de la disquette,
Les CD-Roms trop familiers
Gouverneront notre planète!
Le CLONE né de l'éprouvette
Passera-t-il pour un pervers
S'il prend la plume de canette
Pour aligner deux ou trois vers?
ENVOI
Poète, ami, je te souhaite
Le " beau sonnet "comme d'Arvers
Mais à défaut, garde la tête
Pour aligner deux ou trois vers .
Une robe d'opprobre
- Ghazel -
Il serait de bon ton qu'une fois par hasard
Vous renonciez chez nous au droit de préséance
Qui vous apparait dû lors de chaque séance
Pour partir la première après être en retard.
Ceci n'est pas d'ailleurs la seule doléance.
Ecouter déclamer les autres à leur tour...
Dénote simplement d'un peu de bienséance.
S'il vous plaît d'applaudir dans l'espoir d'un retour
Vous ne méritez pas cet acte charitable
Car vos vers sont vaseux et d'un goût... détestable.
Vous partez ? Grand merci ! Bon vent la Pompadour...
Vous étiez la treizième assise à cette table !
LE PARFUM DE GALATEE.
Muzain
Je suis né sous le signe estival du LION.
Amoureux du soleil, de la fleur et de l'arbre
J'aime aussi la beauté sculptée au cœur du marbre
Par des rois du ciseau comme PYGMALION.
Mais passe une VENUS désireuse de plaire ... ?
Aussitôt me revient le souvenir charnel
D'un doux et tendre émoi pour un être exemplaire
A qui je déclamais des vers de Baudelaire :
La belle GALATEE au parfum de CHANEL!
LE PRINTEMPS DU POETE
Muzain
L'hiver encore en place au-dessus des hameaux
Veut par de froides nuits transpercer de son glaive
Le cœur des arbres nus d'où lentement la sève
Remonte et se répand vers les moindres rameaux.
Déjà "L'HOMME" le sait... malgré l'âpre froidure
Tout son corps a perçu le printemps salvateur.
Sans être paysan ce singulier rêveur
S'éveille à l'unisson de toute la nature
Pour la chanter partout, à tous, avec ferveur !
LE TROU…DE L’OZONE !
rondeau
Le cul de vache…et la planète
Sont aujourd’hui sur la sellette.
L’arrière train du ruminant,
Volumineux, proéminant,
Noircit le blanc de ma gazette.
Mieux que l’alcool, la cigarette,
L’homme a trouvé l’arme secrète
Dessous la queue, en bichonnant
Le cul de vache.
Le grand chercheur nous le décrète :
Preuve à l’appui la Rousse pète !
Et ce délit dégazonnant
Perce l’ozone en l’atteignant ...
Faut-il boucher après la traite
Le cul de vache ?
LE DRAGUEUR ( I love you )
rondeau
"I love you", petite anglaise,
Je vous aime, ne vous déplaise,
Malgré ce fort pressentiment
Que vous allez sauvagement
Faire tomber la "mayonnaise"...
Ce jour la drague fut mauvaise ;
Je n'ai plus cours chez la française
Aussi vous mens-je effrontément.
"I love you"...
A désirer ce corps de braise
Le mien devient une fournaise.
...Vous ne parlez pas..."french", vraiment ?
Qu'importe ! car dans un moment
Vous chanterez le cœur à l'aise:
"I love you ! "
LE GRAND COUTURIER
rondeau
De l'air du temps je m'accommode,
Toute tendance m'inféode,
M'influence et me fait plier.
Suis-je l’agnelle ou le bélier ?
A chaque maître sa méthode.
Moi...J'use d'un "job" qui "m'érode";
Pour exister je fais la mode,
Le dernier "cri"...particulier,
De l'air du temps!
Non loin de moi le jaloux rode.
Alors que je couds et je brode
Au secret de mon atelier
Ce faux ami, ce fol à lier,
Voudrait regarnir sa commode
De l'air du temps?
LA RONDE DES SANTONS
Voici la ronde des santons ;
Noël revient dans les villages.
Tous les petits enfants sont sages,
Qu’ils soient du Nord ou bien bretons.
C’est le réveil des marmitons :
Dindes, marrons, bûches, fromages.
Voici la ronde des santons,
Noël revient dans les villages.
Partout sonnent les clochetons,
L’air retentit de leurs messages.
L’étoile guide les rois mages
Et dans un flot de blancs moutons
Voici la ronde des santons.
rondel
"Clients " louez cette vendeuse
D’un paradis pour visiteuse.
Quand la facture est trop coûteuse
Au lieu de rugir méchamment,
" Clients " louez cette vendeuse
Qui vous sourit si poliment.
Même un jour de fièvre acheteuse
Malgré l’excès d’énervement
Restez corrects et, galamment,
Osez l’attitude flatteuse :
" Clients " louez cette vendeuse!
LE VIGILE DU " PRINTEMPS "*
Rondel
Sur le " PRINTEMPS " veille un vigile
Pour le respect du règlement.
C’est un costaud assurément :
Muscles de fer mais cœur d’argile !
Le geste vif et l’œil agile
Il met au pas le garnement.
Sur le " PRINTEMPS "veille un vigile
Pour le respect du règlement.
Ne jurez pas sur l’évangile
Qu’il est Amour ou Châtiment :
Rien ne trahit son sentiment .
Même quand il pense à Virgile,*
Sur le " PRINTEMPS " veille un vigile…
*PRINTEMPS :grand magasin.
*VIRGILE : poète latin.
LES TAFFANARIS*.
Rondel
Les formes des taffanaris
Subissent plus d’un commentaire.
Sur le vieux port, c’est légendaire.
Beaucoup d’entre eux sont trop nourris*.
Au désespoir des vieux maris,
De la part du célibataire
Les formes des taffanaris
Subissent plus d’un commentaire.
Si par hasard les malappris
Trouvent le charme à l'éventaire ?
Les quolibets devant se taire…
Ils sifflent tels des canaris
Les formes des taffanaris !
Taffanaris : les (gros) fessiers…DE MARSEILLE
Nourris : taffanaris et commentaires !.
MOROSITE
rondel
Lorsque le ciel est morne et gris
Mon être pleure la souffrance.
Sur le climat de notre France
Je jure comme un malappris !
Nulle raison pour ce mépris.
J’en mérite la remontrance,
Lorsque le ciel est morne et gris
Mon âme pleure la souffrance.
L’azur riant de coloris
M’accorde seul la délivrance.
Le soleil a ma préférence.
J’ai le moral des gens aigris
Lorsque le ciel est morne et gris.
FREUD y pensa
bien avant moi
LE TOUT PREMIER CADEAU
rondel
De l'enfant, la première offrande,
Chavire le cœur des mamans.
C'est un cadeau dont peu d'amants
Usent dans leur fièvre gourmande.
Elle s'usine sur commande
Pour le plaisir, les sentiments :
De l'enfant, la première offrande
Chavire le cœur des mamans.
Il ne s'agit plus de marchande,
Ou d'enfiler ses vêtements,
Mais de son pot plein d'EXCREMENTS !
Elle ne sent pas la lavande,
De l'enfant, la première offrande.